Interview de Pierre Bédier, président du Conseil Général des Yvelines « Versailles joue un rôle irremplaçable au sein du département en termes de notoriété et d’image ».

Par Michel Garibal

La réforme régionale met les collectivités locales en ébullition. L’Ile-de-France est entrée dans une période de mutation avec l’arrivée de Valérie Pécresse à sa tête. Partout l’Etat se désengage, en obligeant les élus à se débrouiller eux-mêmes face à des charges grandissantes. Dans les Yvelines, le nouvel homme fort du département, inquiète certains Versaillais par ses initiatives et sa fougue depuis qu’il est revenu à la barre il y a deux ans. Il s’explique ici sur sa gestion et ses projets.
Versailles plus : Votre dernier budget a fait sensation, car il comporte une hausse massive des impôts qui a surpris et même choqué la population par son ampleur. Il a aussi un impact sur les finances de la ville de Versailles, en raison de la suppression de certaines subventions qu’il entraîne.
Pierre Bédier : Effectivement. Nous sommes devenus en 2016 le plus mauvais élève de la classe en décidant la plus forte augmentation qu’un département ait connue cette année. Nous étions jusqu’ici les meilleurs, les premiers de la classe en raison de notre gestion, de la faiblesse de la dette et de la modération des dépenses de fonctionnement. On ne passe pas impunément de la première à la dernière place. En l’occurrence, le gouvernement socialiste a voulu nous punir parce que nous demandions trop peu à la population. Il a inventé le concept de
« sous-fiscalisation » pour nous obliger à taxer davantage, en réduisant brutalement de 90% la dotation de fonctionnement qui nous était accordée. Je vous rappelle que nous participons au financement obligatoire de l’allocation des personnes âgées, du RSA et des personnes handicapées, pour lesquelles les besoins vont croissant sans qu’on puisse les estimer avec précision à l’avance.
- Conséquence : nous devons trouver deux cents millions d’euros pour assurer le financement. Un tiers proviendra de nouvelles économies et deux tiers seront fournis par l’impôt, car nous ne voulons pas sacrifier les investissements indispensables à l’attractivité de notre territoire.
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V+ : Le deuxième sujet d’inquiétude concerne le projet de rapprochement des Yvelines avec les Hauts de Seine.
Ne risque-t-il pas de mettre Versailles à l’écart ?
PB : tout le contraire ! C’est un projet qui va se révéler comme une avancée majeure. La réorganisation territoriale amorcée en France oblige à repenser le fonctionnement des départements, seule collectivité qui n’a pas bougé. On a créé des super régions, des intercommunalités et l’on n’a pas touché aux départements. En rapprochant le 78 et le 92, on met au point le moteur qui manque à l’ouest parisien. Sachez que ces deux départements ont plus de mètres carrés de bureaux que le 75. On pourrait ainsi aboutir à un pôle dynamique qui favorisera des économies d’échelle, mais sans changer quoi que ce soit à l’identité profonde des deux entités, ni à leur qualité de vie.
V+ : Cela signifie-t-il que les centres d’intérêt vont se déplacer dans d’autres secteurs du département ?
PB : Absolument pas. J’aime Versailles ; j’ai grand plaisir à y travailler et j’y suis de plus en plus présent même si je reste fidèle à Mantes la Jolie qui m’a élu. Comment pourrait-il en être autrement quand on mesure l’atout que représente la ville du Roi Soleil. Versailles jouit d’une attraction exceptionnelle, parce qu’elle est universelle. Sa notoriété est telle dans le monde qu’elle joue un rôle bénéfique sur tous les plans et apporte un plus dans la réalisation des projets. Mais la crise que nous subissons depuis près d’une dizaine d’années a eu un impact sévère sur le développement industriel de l’Ile-de-France. Même si l’automobile représente 30% de la richesse du département, l’Espagne produit désormais 50% de voitures de plus que la France. Il y a donc un problème de solidarité avec le Nord Yvelines où se situe la production automobile et où se concentre, par ricochet, la pauvreté avec une forte augmentation des aides sociales.
V+ : Comment comptez- vous agir ?
PB : Nous voulons changer les méthodes :
sortir de la logique de guichet qui conduit à financer de façon automatique sans discernement et sans limite certaines prestations et d’attribuer certaines subventions. Nous voulons participer à des projets précis et structurants. Ainsi, nous
avons supprimé notre aide
de 60 000 euros au Théâtre Montansier, mais nous pouvons apporter notre soutien à des projets spécifiques. Dans le domaine culturel, par exemple, nous sommes prêts à investir dans une école sur les métiers d’art appliqués qui s’installerait dans les grandes écuries à condition de les définir avec précision.
Autre sujet essentiel pour lequel le département est très investi : la préservation des zones rurales, qui constituent l’une des caractéristiques essentielles du département, afin d’éviter certains risques de désertification, en encourageant les initiatives en matière d’implantation, en développant de nouvelles formes de transport comme l’ubérisation, le covoiturage, etc
Enfin, nous réalisons des économies de fonctionnement. Pour cela je souhaite regrouper sur un lieu unique les services du conseil départemental qui sont dispersés sur plusieurs sites. Le quartier « Les Chantiers » représente à cet égard un atout majeur grâce à la présence d’une gare et aux bureaux qui vont s’y installer. Tout le système des transports régionaux s’en trouvera valorisé. Ainsi pourront naître de nouveaux projets de développement, offrant des perspectives positives pour notre région, qui nous permettront de surmonter les charges nouvelles que la puissance publique impose à nos habitants, avec l’espoir, si la croissance est au rendez-vous, de pouvoir diminuer les impôts !

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