Nous avons posé trois questions à Caroline Pascal au sujet de son nouveau roman paru aux éditions de l’Observatoire « Juste une orangeade ».
Ce roman s’articule autour de la relation mère fille, Pourquoi ce choix ?
Parce que c’est un sujet central dans la vie de chacune ! Peut-être aussi parce que j’arrive, à cinquante ans, à l’intersection de trois générations de femmes. Comme Raphaëlle, mon personnage qui a le même âge et qui se trouve prise entre sa mère qui en a plus de soixante-dix et sa fille presque vingt-cinq. C’est un moment curieux où la filiation reste centrale - c’est le côté « poupées russes » de la relation mère-fille - et où pourtant, il s’agit aussi de trois femmes qui portent un regard adulte sur les deux autres générations. Il y a donc à la fois entre elles un lien intuitif, charnel, même fusionnel, et un jugement plus objectif, plus rationnel, et les deux se mêlent ou parfois se heurtent. L’inquiétude de Raphaëlle qui a perdu son père et qui tout à coup n’a plus de nouvelles de sa mère, est ainsi marquée doublement. Elle est la fois angoissée comme une enfant et agacée comme une adulte. Elle a beau avoir une vie accomplie, un mari, des enfants, des amis, une agence immobilière à Paris, elle reste une enfant. Et à l’inverse, lorsqu’elle cherche par tous les moyens à retrouver sa mère, c’est la femme qu’elle découvre. C’est cette ambiguïté dans le lien que tout adulte a à sa mère qui m’a intéressée.
Vous publiez ici votre cinquième roman, vos lecteurs sont nombreux et fidèles. Aujourd’hui jouent-ils un rôle dans la façon dont vous appréhendez l’écriture d’une nouvelle histoire ?
En écrivant, on pense évidemment à ceux qui nous liront. Et les rencontres, les échanges que j’ai pu avoir autour de mes précédents romans ont donné un visage à ces lecteurs qui, pour le premier, étaient virtuels, simplement possibles. J’écris maintenant avec l’impression d’un rendez-vous à venir. C’est à la fois réconfortant et angoissant, car il ne faut pas décevoir, pas rater ce rendez-vous. Il faut l’honorer. En revanche, je ne crois pas que cela détermine directement ce que j’écris. Je chemine un peu seule d’un roman à l’autre, creusant à la fois un même sillon, en essayant de décrire la manière dont ce milieu qui est le mien réagit face aux événements de la vie et de tester à chaque fois une façon différente d’aborder cette même matière. Juste une orangeade par exemple est beaucoup plus ancré dans notre réalité immédiate, par des références à un contexte contemporain. Il est concentré sur un temps très court, sur un vrai suspense, l’intrigue l’emportant sur la description sociale ou psychologique, sans doute plus que dans mes précédents romans.
Cela fait plus de quatre ans que votre dernier roman « L’envers d’une vie » est paru, 4 ans est le temps idéal entre chaque roman ? avez déjà une idée de votre prochain roman, en 2021 !?
Je ne sais pas si c’est l’idéal ; si j’en crois mon éditrice, c’est un peu trop long ! Il faudrait réduire un peu le délai pour ne pas se faire oublier entre deux romans. Par les lecteurs, par la presse. Mais vous êtes la preuve qu’elle n’oublie pas ! Plus sérieusement, j’aimerais écrire plus, bien sûr, mais d’abord, j’ai peu de temps à consacrer à l’écriture. J’ai moi aussi, comme Raphaëlle, un mari, des enfants, des amis et un job ! Et puis, surtout, j’ai besoin de temps entre deux romans. Ce n’est pas tant l’écriture elle-même qui est longue, à peu près un an, mais le temps de maturation. Et puis, il me faut d’abord me libérer de celui qui vient d’être écrit. D’autres auteurs passent très vite d’un projet à l’autre, moi non. Et donc, non, je n’ai pas encore l’idée du prochain. Et oui peut-être, sans doute, il faudra attendre 2021.
Propos recueillis par Guillaume Pahlawan
Juste une orangeade
de Caroline Pascal
Éditions de l’Observatoire
19,00 €