Le casse-tête des transports dans une société de plus en plus mobile

Par Michel Garibal

Couv V+ 94 pour Versailles plus

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La mobilité représente aujourd’hui l’alpha et l’omega du développement économique. Dans ce domaine, le Versaillais a toujours été à la pointe du progrès et se révèle un grand voyageur. Internet et les nouvelles technologies ouvrent des voies nouvelles immenses. Mais les déplacements physiques demeurent pourtant plus importants que jamais, alors qu’ils sont freinés par l’impéritie des pouvoirs publics face aux transformations de la société.

Les chiffres de ces mouvements migratoires revêtent une ampleur vertigineuse dans notre région. Selon l’Insee, 93% des habitants d’Ile de France se déplacent quotidiennement dans le cadre de leur travail ou de leurs loisirs, ce qui représente 41 millions de trajets, en augmentation de 17% en dix ans, alors que la population va continuer de progresser pour approcher treize millions de personnes en 2040. C’est dire combien le problème des transports va devenir angoissant, alors que l’on est aujourd’hui dans plusieurs domaines au bord de l’asphyxie.

L’avenir n’est pas simple à dessiner. L’automobile se voit enfermée dans des contraintes de plus en plus drastiques et les immatriculations de voitures neuves stagnent. La bicyclette, même si elle est bien représentée à Versailles, n’a qu’un horizon limité, même si certains envisagent de la faire passer de 5 à 15% dans les déplacements domicile-travail. Une part essentielle est réservée au bus, avec des commandes qui pourraient atteindre mille véhicules en Ile de France d’ici 2020. Mais la part primordiale doit revenir au transport ferré, train, tramway, métro.

L’Etat et la société du Grand Paris concoctent des projets pharaoniques avec la perspective d’un métro entièrement automatique, qui permettrait le déplacement de banlieue à banlieue sans affronter le centre de la capitale ou la barrière du périphérique avec la construction de deux cents kilomètres de rails déployés sur quatre lignes nouvelles et 68 gares à un horizon qui parait bien lointain à tous ceux qui souffrent de la carence du système actuel, puisqu’il faudrait presque attendre une génération pour le réaliser. Cela s’apparente un peu au slogan : demain, on rase gratis, alors qu’un plan d’urgence s’impose. « Aujourd’hui, on va de vétusté en vétusté », souligne Emmanuel Lion, un des militants locaux des plus actifs pour faire bouger les pouvoirs publics. On se borne à remédier au coup par coup aux incidents qui se multiplient tant le matériel est obsolète. Certes la SNCF a engagé des travaux, mais à un rythme insuffisant. Elle prétend au demeurant que la situation s’est améliorée depuis le début de l’année, en particulier sur la ligne L de Saint-Lazare, mais le phénomène n’est pas ressenti par les usagers, qui ont vu les délais s’allonger de six minutes pour se rendre de Versailles à Paris.

La SNCF et le Stif, cette entité politique qui décide de l’organisation du réseau connaissent un seul interlocuteur, les syndicats, mais négligent les usagers en prenant souvent leurs décisions sans véritables consultations. La seule manière de lutter contre ce penchant technocratique est d’utiliser aujourd’hui l’arme la plus efficace, celle qui alerte l’opinion via les réseaux sociaux. C’est ainsi qu’est née il y a trois ans l’association « plus de trains », animée au départ par trois cadres versaillais, contraints à prendre tous les matins la ligne L
à Rive Droite. Escortés par une série de référents bénévoles, postés sur différents points de la ligne, ils rendent compte de tous les incidents et ont entrepris une campagne de mobilisation très efficace auprès des élus qui a commencé à porter des fruits, puisque engagement a été pris de remplacer tous les trains sur la ligne L d’ici la fin 2017, engagement confirmé par la nouvelle patronne de la région, Valérie Pécresse, bien décidée à accélérer le mouvement.

Cala dit, pour Emmanuel Lion, il faudrait d’urgence s’intéresser à la ligne C du RER, celle qui dessert entre autres le château de Versailles, qui se trouve dans un état piteux et n’a pas encore trouvé son équipe de bénévoles pour réveiller les pouvoirs publics. Plutôt que de dénoncer constamment la carence des politiques, il appartient aux Français de prendre les choses en mains à travers les réseaux sociaux, qui témoignent de leur efficacité.

 

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