Nombre de versaillais connaissent ou ont entendu parler de la ferme de Gally, cette ferme qui se trouve derrière le parc du château, ne serait-ce que pour y acheter des fleurs, des outils de jardinage ou y cueillir des fraises ou des légumes. Savent-ils que l’histoire de cette ferme remonte au premier millénaire.
A cette époque le val de Gallie, était encore couvert de forêts où serpentaient sous le couvert des arbres un modeste cour d’eau, poissonneux à l’époque, le ru de « Gallie », comme on l’appellera jusqu’au XVIIe siècle. Ce ru prenait sa source des étangs qui entouraient le village de Versailles, pour finir sa randonnée dans la rivière de la Mauldre. Le val était alors la propriété de l’abbaye Sainte Geneviève de Paris, fondée par Clovis. Opulente, elle était l’alliée privilégiée du pouvoir royal, qu’il fut Mérovingien, Carolingien ou Capétien. Fidèle à sa vocation de christianisation, elle créa dans le val de Gallie un simple prieuré avec quelques « colons » défricheurs de la forêt. A cette époque le val de Gallie, était encore couvert de forêts où serpentaient sous le couvert des arbres un modeste cour d’eau, poissonneux à l’époque, le ru de « Gallie », comme on l’appellera jusqu’au XVIIe siècle. Ce ru prenait sa source des étangs qui entouraient le village de Versailles, pour finir sa randonnée dans la rivière de la Mauldre. Le val était alors la propriété de l’abbaye Sainte Geneviève de Paris, fondée par Clovis. Opulente, elle était l’alliée privilégiée du pouvoir royal, qu’il fut Mérovingien, Carolingien ou Capétien. Fidèle à sa vocation de christianisation, elle créa dans le val de Gallie un simple prieuré avec quelques « colons » défricheurs de la forêt.
Vers 1150, Etienne de Tournay indique qu’au « prieuré de Gallie, il y a deux prêtres servant Dieu ». En 1163, une bulle du Pape Alexandre III reconnait à l’abbaye la possession « des terres contiguës aux villages de Choisy et Trianon ainsi que le prieuré de Gallie, sa chapelle, son enclos, son étang et son moulin ».
Deux siècles plus tard, l’abbaye y possédait « un hostel appelé Gallys (sic) lequel a plusieurs édifices comme granches (granges), bergerie et autres bâtiments dont la majeure partie est en ruine. Au dit hostel appartient 500 arpents de terres arables (soit 211 hectares), assis en plusieurs pièces. Item au dit hostel appartient plusieurs champarts (fermages) au naturel sur plusieurs terres estans en territoire (des paroisses) de Soisy (Choisi-aux-bœufs) et de Trianon ». C’était alors le prieur de Gallie qui desservait la paroisse de Trianon. Pendant les deux siècles suivants, l’abbaye connut une décadence progressive, gaspillant ses revenus, préférant la politique à la gestion de ses terres, ne laissant au prieur de Gallie que la « portion congrue » pour assurer son entretien.Quand Louis XIV décida d’enclore le parc, la ferme de Gally se trouva à la limite du mur de clôture du parc et « comme les terres de la ferme de Gallie situées au-delà de cette enceinte convenaient au roi pour ses desseins, ce Prince les acheta à l’abbaye de Sainte Geneviève, pour 180 arpents » (76 hectares) en 1663. Quand Le Notre dessina au bout du grand canal la fameuse étoile royale avec ses cinq avenues, la ferme de Gally se trouva blottie entre la grande avenue royale de Villepreux et la porte de Maintenon. Puis Gally dépendant dorénavant de la paroisse royale Notre Dame, la chapelle fut détruite en 1684.
Le premier fermier laïc de Gally fut un certain Jean-François Hédouin en 1778. Suivirent ensuite la dynastie des fermiers Pluchet et Muret qui en assurèrent le fermage jusqu’en 1847. Entre temps la propriété était passée sous la Révolution à un banquier avant d’être reprise par Napoléon dans le Domaine du château. En 1919, Georges Laureau qui avait succédé à son beau-père, cultivateur au domaine mitoyen de Vauluceau, se vit confier la gestion de la ferme de Gally par le conservateur du Domaine de Versailles avec mission de remettre en culture les terres en friches depuis de nombreuses années. C’est ainsi que, depuis près d’un siècle, la famille Laureau se trouve à la gestion de la ferme et aussi des terres de Vauluceau où se trouvent maintenant les cultures et les zones de cueillette des fleurs et des primeurs. Jean-Pierre, le fils de Georges lui succéda en 1953, puis Gérard son frère, auquel on doit une étude très fouillée et documentée sur l’histoire de la ferme et enfin depuis 1983, les deux fils de Gérard, Dominique et Xavier, les actuels exploitants qui lui ont donné une toute autre destinée.Les bâtiments de la ferme remontent pour partie au Xe et XIIe siècles. Ils forment un quadrilatère avec sur le côté ouest le grand porche d’entrée de la cour centrale, au-dessus duquel se trouvait autrefois le logement de l’employé chargé de l’entretien de la cour. A gauche du portail, se trouvaient l’écurie des chevaux de selle, la salle aux harnais et la resserre aux outils de main et à droite le logement du prieur datant du XIe ou XIIe siècle, avec son puits intérieur, son four à pain et sa salle d’hôtes. Il se prolongeait par le logement du fermier qui avait son accès au cellier et à la« dépense » où étaient rassemblées les réserves de lard, d’huile, de chandelles et de bois de chauffage et au-dessus les greniers à grains. Le côté sud de la cour était occupé par la grande grange de quinze travées destinées aux froment, seigle et céréales avec en son centre une aire de battage s’ouvrant sur la cour par une grande porte cochère. Sur le côté il y avait un porche qui permettait d’accéder à la maison de berger qui date du XIe siècle et la bergerie de 61 mètres de long, et la bouverie et les écuries de chevaux de trait. Le côté nord de la cour était fermé par l’étable longue de 61 mètres au-dessus de laquelle se trouvaient les galetas pour les vachers et la laiterie.
Du côté du chemin de Saint-Cyr, la ferme était close par un mur d’enceinte dont le porche datant du XIIIe siècle existe toujours. L’emplacement de l’actuelle jardinerie constituait la cour verte où se trouvait un vivier pour l’élevage de carpes et des brochets, une autre mare pour le rouissage du chanvre et de l’osier, et enfin un jardin où les religieux cultivaient des simples et des plantes médicinales pour le « soing des vilains d’alentours ». Tout ceci formait un ensemble cohérent où vivait une vingtaine de personnes avec son berger, ses vachers, ses charretiers et autres manouvriers sous la férule du fermier. La fermière avait la haute main sur la laiterie, la préparation des repas, la lessive de ce petit monde et la gestion des boissons. La vaisselle était d’étain. Les livraisons sur Paris ou Versailles quasi quotidiennes utilisaient des chevaux de selle et des charrettes pour les transports rapides. Les chariots trop lourds étaient tirés par des bœufs jusqu’au 19e siècles.
Actuellement les frères Laureau poursuivent l’œuvre de la longue lignée de moines, laboureurs, fermiers qui leur ont transmis depuis plus d’un millénaire le respect de la terre et la passion de la nature, respectant l’environnement, et continuant de fournir aux parisiens et aux versaillais les produits de leur ferme.
Claude Sentilhes
Sources : LAUREAU (Gérard), Editeur Gérard Laureau, Dépôt légal : B.N. le 10/08/1995, Intenet : https://www.lesechos.fr/04/02/2014 LesEchos/21619-153-ECH_un-fauteuil-pour-deux-a-la-ferme-de-gally. (2014) . Maroteau Vincent, Versailles, le roi et son domaine. Picard, Paris 2000.