Par Michel Garibal
Tout commence et tout finit à Versailles. Et il n’est pas nécessaire d’y être né. Tel est le constat de François Sylvestre, véritable globe-trotter du BTP, qui promeut le savoir-faire français depuis 15 ans aux quatre coins du monde.
C’est en effet à six mille kilomètres de la cité du roi soleil qu’il a découvert sa future épouse qui travaillait à Achgabat, la capitale du Turkménistan, auprès d’un architecte bien connu de Versailles, Robert Bellon. Et maintenant c’est dans notre cité qu’il a décidé de s’installer dans le quartier Saint-Louis, car l’étude minutieuse qu’il avait entreprise depuis plusieurs mois en quête d’un logement lui a fourni un verdict sans appel : il n’y a pas selon lui d’autre lieu qui réunisse autant d’avantages dans la région parisienne pour une famille classique comme la sienne.
François Sylvestre a ainsi posé ses valises en revenant au siège de sa maison-mère après une large exploration de la planète. Il a pu donner libre cours à son goût prononcé des voyages, rendu possible très jeûne grâce à un père travaillant à Air France, et après des études à l’Ecole Centrale de Nantes, une ville qui invite au grand large. Après un stage de six mois en Australie en laboratoire de recherche sur les propriétés du béton, il réussit un concours étudiant qui lui ouvre les portes de Bouygues. Pendant son service militaire, il est coopérant au Swaziland, entre l’Afrique du sud et le Mozambique et s’initie aux challenges des routes du continent africain. Puis, il change de méridien : il met le cap sur l’Asie, pour le Turkménistan, avec ce goût permanent pour la nouveauté. Il participe à la réalisation d’une douzaine de projets présidentiels dans ce pays autocratique, dont il ramènera celle qui partage sa vie, Diana.
Dès lors, il se focalise sur la péninsule arabique : il vient de passer huit ans dans les émirats, à Dubaï¨, Abou Dhabi et deux ans au Qatar, dans ces pays où les revenus du pétrole coulent à flot et permettent aux sociétés de BTP de réaliser des projets qui seraient impensables ailleurs. Les satisfactions de métiers sont exceptionnelles : les décisions des responsables sont rapides. Il n’y a pas ces entraves que l’on rencontre en Occident. L’administration est efficace. Les gens tirent dans le même sens, car tout le monde est volontaire, le secteur public étant guidé par un gouvernement ambitieux et les privés stimulés par la perspective de gains confortables. Il faut accepter aussi un rythme de travail élevé et la main d’œuvre se trouve dans l’état où elle était il y a un siècle en France. Quant à la vie culturelle, ce n’est pas encore le fort de la région même si de grands efforts sont entrepris aux émirats notamment. Paradoxalement, il n’y a pas ces conflits du quotidien qui se multiplient chez nous sur les symboles religieux. Bien évidemment car l’intégration nationale d’étrangers n’est pas recherchée, mais aussi car chacun comprend le rôle qu’il occupe. Dans la région les contrastes sont forts et il faut apprendre à adapter son comportement. Si en Arabie saoudite toutes manifestations de signes religieux sont interdites, jusqu’aux décorations de Noël, aux émirats voisins les femmes ne sont pas nécessairement voilées, conduisent des voitures et certaines sont même ministres.
Aujourd’hui, François Sylvestre se pose à Versailles, où après plusieurs mois de recherche, il a réussi à acquérir un appartement dans le quartier Saint-Louis. Directeur du développement international chez Bouygues, il continue de sillonner le monde. Outre le Moyen Orient, il multiplie les déplacements en Afrique : Nigeria, Ghana, Uganda, Rwanda. Actuellement il étudie la création d’un fonds d’investissements destinés à financer la construction d’hôtels d’affaires. Et vient appuyer d’autres collègues, dernièrement en Iran. C’est pourquoi, il goûte le calme de Versailles et cette vie culturelle qui fait tant défaut ailleurs. Et il énumérerait pendant des heures tous ses avantages : un air moins pollué que dans la capitale, des commerces variés qui consolent des grandes surfaces des communes environnantes, un réseau de bus « fantastique » sans compter qu’on peut tout faire à pied, des écoles surtout dont la réputation vaut à elle seule le choix de la cité royale. Se loger n ’est pas toujours facile : les grands appartements familiaux sont rares, et précieux. On sait qu’il faut y mettre le temps, mais le succès est au bout de la patience comme il vient de le vérifier pour lui-même avec la satisfaction de savoir qu’ « on peut acheter un bon Versailles pour le prix d’un mauvais Paris ».