Par François Bergot,
Conservateur général honoraire du Patrimoine
C’est une heureuse nouvelle que la nomination de Laurent Salomé au poste de Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, vacant par le départ de Béatrix Saule.
L’accès à cette charge prestigieuse et très convoitée était d’autant plus difficile que sa titulaire l’avait remplie selon un style aussi brillant que savant, unanimement reconnu et apprécié. Voici qu’y parvient un homme d’une courtoisie naturelle, discret et accueillant, joyeux sans vanité, enthousiaste et doué d’humour. Diplômé de l’ESCP et de l’École du Louvre, Laurent Salomé a passé le redoutable concours des Musées nationaux, porte d’entrée incontournable dans la carrière. Après un stage de formation au musée de Grenoble, il a obtenu la responsabilité de deux musées classés.
Par une coïncidence imprévue, il se trouve que Salomé a été mon deuxième successeur dans ces deux établissements, à Rennes, puis à Rouen. Chaque fois, son comportement m’a impressionné par la rapidité de son adaptation, son attention à l’histoire de l’institution (il n’appartient pas à la catégorie, assez répandue, de ceux qui estiment que l’histoire commence avec eux), sa passion pour l’étude et le développement des collections, son désir de travailler avec ses prédécesseurs, ses collaborateurs, les amis de son musée.
Pour un conservateur, vivre quotidiennement en compagnie de chefs-d’œuvre - à Rennes : Le Brun et La Tour, des dessins de Léonard de Vinci et de Michel-Ange ; à Rouen : Caravage et Velasquez, Poussin et Delacroix, Monet et Modigliani… - fait que, pour paraphraser Claudel et Malraux, l’œil écoute … les voix du silence. Salomé a su exprimer ce qu’il a entendu, d’une plume élégante et sensible, en catalogues de collections permanentes et d’expositions temporaires. Sachant englober un sujet dans sa totalité, il s’est montré un excellent généraliste.
À un moment de sa carrière, vingt ans après moi, Laurent Salomé a dû affronter un problème majeur. Nous l’avons résolu, l’un comme l’autre, sans nous concerter, de la même façon : par le refus de la soumission, qui nous a orientés vers des horizons meilleurs. Il y a cinq ans, nommé directeur scientifique de la Réunion des Musées nationaux, il s’est familiarisé avec les acteurs essentiels du monde de la culture, en France et à l’étranger.
Compétence professionnelle et force de caractère confirment le choix qui vient d’être fait de ce candidat. Je ne doute pas qu’il saura prouver ces qualités complémentaires autant qu’indispensables au service d’un chef-d’œuvre universellement observé et aimé, le château de Versailles.
Bienvenue, mon cher Laurent !